Toutes les atteintes corporelles auto-infligées (automutilations, scarifications) doivent donner lieu à une évaluation médicale. Le plus souvent, elles sont l’expression d’un mal-être profond.
Nous aborderons dans ce dossier les blessures auto-infligées sans intention suicidaire.
Qu’est-ce que l’automutilation ?
L’automutilation consiste à s’auto-infliger une blessure sans intention suicidaire. Si l’automutilation renvoie à un large éventail en termes de comportements (brûlures, abrasions, griffures, cognements…), la forme la plus largement répandue concerne les incisions, les coupures de la peau. Ces entailles plus ou moins profondes sont le plus fréquemment effectuées sur les avant-bras, les bras et les jambes, parfois aussi sur le ventre, plus rarement sur la poitrine et le visage. Ces coupures sont souvent parallèles mais peuvent prendre d’autres formes. Elles laissent des cicatrices plus ou moins importantes en fonction de la profondeur des coupures et de la couleur de la peau (les peaux mates et foncées tendent à favoriser l’apparition de chéloïdes, c’est-à-dire de cicatrisations en relief).
Cette pratique est de plus en plus répandue chez les adolescents et toucherait environ un jeune sur six ou sept selon les études.
Automutilation ou scarification?
Le terme d’automutilation semble être actuellement le plus employé par les jeunes. Il est simplifié en AM à travers leurs écrits. L’automutilation correspond au fait de s’infliger soi-même une blessure mais la mutilation au sens étymologique du terme renvoie à la section définitive, irréversible d’un membre ou d’un organe. Au-delà de ce sens premier, l’automutilation évoque des troubles psychiatriques graves et ce terme tend à dramatiser la situation et à sidérer une partie des soignants, des travailleurs sociaux mais aussi de l’entourage des adolescents.
Pourquoi alors parler d’automutilation ? Ce terme est une traduction discutable du terme anglophone « self-harm » que l’on pourrait traduire littéralement par « se faire du mal » dans le sens d’une auto-agression. C’est ce terme-là qui est employé dans le DSM-5 pour faire référence à ce type de comportement auto-agressif. Le terme de « mutilation » existe en anglais mais n’a pas été retenu. Serait-il plus souhaitable de parler alors de scarification que d’automutilation ? Je ne sais pas. Les adolescents l’utilisent peut-être pour montrer l’importance du mal-être qu’ils éprouvent. Par ailleurs, les auteurs du site automutilation.info (http://www.automutilations.info/ ) insistent sur l’intérêt de l’utilisation du terme automutilation. Selon eux, le terme de scarification est trop restrictif car il sous-entend l’idée de cicatrices. Toutes les atteintes corporelles ne mènent pas à des cicatrices (qui ne sont pas toujours recherchées dans le fait de se couper).