Pour apprendre à faire face, pour parvenir à exprimer ses émotions, pour mieux se comprendre, il est important d’apprendre à repérer le processus lié à l’automutilation.
Mise en place du geste
Au début, vous vous êtes peut-être égratigné la peau par ennui, juste pour voir, avec la pointe d’un compas. Ou bien vous avez aperçu à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux des jeunes qui expliquaient le soulagement procuré par le fait de se couper. Et vous avez voulu essayer. Vous avez pris une lame de rasoir. Ou un autre objet tranchant. Et comme vous aviez au fond de vous cette douleur existentielle, indéfinissable, le geste de vous couper vous a effectivement soulagé. Pour un temps. Pour un temps seulement. Jusqu’à la fois suivante. Et celle d’après. Et les fois se sont répétées, rapprochées et vous avez fini par vous rendre compte que vous aviez besoin de coupures plus profondes pour obtenir l’impression de soulagement initial. Et vous ne parvenez plus à arrêter ce comportement malgré les promesses faites à vous-même ou à votre entourage. Comment est-ce possible ?
En résumé :
1) Au début, vous éprouvez une douleur psychique intense.
2) Vous avez besoin d’extérioriser cette douleur par une coupure.
3) Ensuite, le geste de se couper devient rapidement de plus en plus addictif.
Vous venez de l’expérimenter : l’automutilation amène progressivement une forme de dépendance au geste.
Le mécanisme addictif :
Voici comment fonctionne ce mécanisme addictif (présent dans toutes les addictions) :
- Impulsion incontrôlée : impossibilité de s’empêcher de se faire mal. Besoin de voir le sang couler.
- Sensation croissante de tension avant le passage à l’acte, le moment où la personne se coupe la peau.
- Soulagement de cette tension par la coupure et la vue du sang.
- Perte de contrôle en début de crise (impression de dissociation, comme si ça arrivait à quelqu’un d’autre, état second).
- Difficulté à arrêter ce comportement malgré les conséquences.
- Besoin d’augmenter la fréquence ou de s’entailler plus fortement (vous perdez le contrôle sur votre propre comportement).
- Sentiments négatifs : honte, culpabilité, colère, impuissance…
Pour parvenir à sortir de cette dépendance, il va vous falloir dans un premier temps repérer ce qui se produit lors de vos crises.
Les épisodes d’automutilation
Voici quelques questions auxquelles vous allez pouvoir répondre concernant les moments durant lesquels vous vous automutilez. Elles vont vous permettre de repérer les éléments qui déclenchent vos crises, les moments où vous parvenez à les contenir, etc.
- Qu’est-ce que je ressens juste avant la crise ? (Tristesse, colère, angoisse, culpabilité, déréalisation… ?)
- Qu’est-ce qui s’est passé qui m’a amené à m’automutiler ?
- Où ça se passe en général ? Dans ma chambre ? Ailleurs ?
- Y a-t-il quelqu’un avec moi ? Ou est-ce que je suis seul ?
- Comment est-ce que je me sens juste après ? Et un petit peu plus tard ?
- De quoi aurais-je eu besoin pour surmonter la crise ? (ex : de calme, de solitude, de pouvoir parler, de compagnie, d’extérioriser différemment ma violence ? Autre ?)
- Ya-t-il eu des moments où j’ai eu l’impulsion de vouloir me couper et où j’ai réussi à ne pas le faire ? Lesquels ? Qu’est-ce qui s’est produit de différent ?
- Comment est-ce que je pourrais faire à la place de me faire mal ? Quels sont les gestes que je pourrais apprendre ou que je parviens déjà à mettre quelquefois en place ? Se faire une liste.
- Faire un historique : Quelles sont les circonstances qui m’ont conduit à m’automutiler ? Quels ont été les moments les plus difficiles ? Quels ont été les moments de répit ?
Vous pourrez travailler à partir de cette base-là. Seul, cela peut être difficile de sortir de cette forme de dépendance. L’idéal serait de vous faire accompagner par un professionnel.