- Parce qu’on minimise la gravité de la situation,
Difficile parfois de mesurer la gravité de la situation quand on la vit. On manque forcément de recul. L’idée c’est de regarder comment ces difficultés viennent impacter votre vie. Dans quels domaines. Est-ce que c’est anecdotique ou est-ce que c’est en train de prendre trop de place. Est-ce que cela vous met en danger ?
- Parce qu’on a peur du diagnostic (stigmatisation des problèmes de santé mentale),
Certains ont peur d’être « fous » car ils ont la sensation de ne plus bien maîtriser ce qui leur arrive. Ils se rendent compte qu’ils perdent le contrôle sur certains de leurs gestes ou de leurs idées. Ils appréhendent d’aller voir un thérapeute car ils craignent le diagnostic. Beaucoup disent avoir peur d’être schizophrènes tant l’idée de folie est associée à la schizophrénie. Aussi est-ce l’une des pathologies les plus redoutées. Dans l’esprit du plus grand nombre, y compris chez certains soignants, elle reste perçue comme une maladie incurable. Cela va à l’encontre de la recherche clinique actuelle qui démontre qu’il est possible de se rétablir de la schizophrénie (pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici … une association les entendeurs de voix + bibliographie).
Plutôt que d’éviter le diagnostic, mieux vaut y faire face et recevoir toutes les explications nécessaires sur le trouble dont vous souffrez. C’est toujours plus facile avec l’aide d’un professionnel. Et la plupart du temps, vos difficultés sont tout à fait surmontables.
- Parce qu’on pense être en mesure de s’auto-diagnostiquer,
Internet peut être une bonne source d’informations mais pas toujours… L’idée est de bien vérifier la crédibilité de vos sources. Certains sites sont très bien documentés et peuvent donner des informations tout à fait pertinentes. Encore faut-il que vous ayez réussi votre autodiagnostic. Parfois, il est évident, d’autres fois, il ne l’est pas du tout et vous pouvez confondre une pathologie avec une autre. Un exemple fréquent : celui des attaques de panique entraînant des symptômes tels que nombreuses sont les personnes qui arrivent aux urgences persuadées qu’elles sont en train de faire un infarctus (il convient d’écarter la cause organique). Autre exemple : dans certains TOC comme les phobies d’impulsion (liées à la crainte obsédante que peuvent avoir certaines personnes de commettre un acte délictueux, transgressif, ou dangereux pour elles-mêmes ou pour autrui. Elles peuvent, par exemple, avoir peur d’agresser quelqu’un ou de se défenestrer), la personne craint de passer à l’acte malgré elle et peut avoir le sentiment de perdre pied, de ne plus être dans le réel. Elle peut alors s’auto diagnostiquer comme souffrant de schizophrénie. Or ces deux pathologies sont distinctes et ne demandent pas le même type de suivi thérapeutique.
- Parce que les « psy », c’est pour les fous.
C’est une idée reçue qui résiste bien au temps même si elle est en train de progressivement s’estomper. Les psys, c’est pour tout le monde. N’importe qui peut avoir besoin de consulter au cours de sa vie. Parfois, ce sera pour obtenir de simples conseils, d’autres fois pour traiter des difficultés plus importantes. Et puis, c’est quoi être fou ? Où se situe la frontière entre le normal et le pathologique ?
- Parce qu’on n’a pas l’habitude d’aller chercher de l’aide,
On peut avoir cette croyance bien ancrée qu’on est toujours seul dans la vie et qu’on ne peut compter que sur soi-même. Mais cela vaut peut-être la peine de sortir de cette habitude. Ou du moins de vérifier le bien fondée de cette croyance en allant la tester si on a vraiment besoin d’aide. Ce n’est pas si facile que cela de faire la démarche de rencontrer quelqu’un pour parler de ses difficultés. Cela peut être perçu comme un geste courageux voire salutaire d’aller chercher de l’aide.
- Parce qu’on est suffisamment fort pour s’en sortir tout seul,
On est tous suffisamment fort… jusqu’à un certain point. Mais si on se sent dépassé, submergé, c’est souvent une bonne idée de trouver un interlocuteur, un professionnel avec lequel on se sentira en confiance.
- Parce qu’on ne sait pas vers qui se tourner,
Pas facile de trouver la bonne personne ou la bonne équipe de personnes. Le bouche-à-oreille peut être un bon indicateur. L’idée c’est de trouver une personne avec laquelle vous vous sentez en confiance. N’hésitez pas à la contacter avant de prendre rendez-vous. Cela vous permettra de vérifier avec elle si elle est en mesure de vous accompagner. Certains thérapeutes tendent à se spécialiser dans un ou deux domaines tandis que d’autres sont plus généralistes. Et vous aurez une première approche de cette personne. Si elle ne vous convient pas, cherchez-en une autre. La psychothérapie, c’est avant tout une rencontre. C’est vraiment important de se sentir accueilli.
- Parce qu’on a déjà eu affaire à des professionnels et que ça ne s’est pas amélioré,
Dans ce cas, continuez à chercher. Parfois vous aurez besoin de « tester » trois ou quatre personnes avant de trouver quelqu’un qui vous convienne. Et c’est important. C’est même un des points cruciaux pour la réussite de votre thérapie. Vous allez avoir besoin de vous sentir bien accompagné. Continuez à chercher quelqu’un qui vous convienne. Demandez à votre entourage, faites fonctionner votre réseau : vous allez trouver.
- Parce qu’on ne sait pas où s’adresser pour parler de ses difficultés,
Il existe de nombreux lieux de prises en charge et tous ne sont pas bien connus. Vous pouvez commencer par parler de vos difficultés à votre médecin traitant qui devrait être en mesure de vous diriger vers les professionnels adéquats.
- Parce qu’on n’a pas d’argent pour aller voir un professionnel,
Ce n’est pas un motif suffisant pour ne pas aller chercher de l’aide. Il existe de nombreux lieux dans lesquels vous serez pris en charge gratuitement : les CMP (Centres Médico-Psychologiques), les CMPEA (Centres Médico-Psychologiques pour Enfants et Adolescents), les CMPP (Centres Médicaux Psycho-Pédadogiques), les points jeunes, le planning familial, les SUMPPS ( Service Universitaire de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé des étudiants),…
Les psychologues libéraux ne sont pas remboursés par la sécurité sociale mais certaines mutuelles prennent en charge une partie des consultations. Renseignez-vous auprès de la vôtre.
- Parce qu’on a l’impression d’avoir touché le fond et que personne ne pourra rien y faire, parce qu’on souffre trop pour se prendre en charge tout seul,
Parfois, on est tellement affecté par ce qui nous arrive qu’on a l’impression que ça ne sert plus à rien de se débattre. On baisse les bras.
Si on n’y arrive plus, l’idée c’est de parvenir à parler. Ou à écrire si c’est plus facile. A sa famille, à ses amis, à des personnes susceptibles de vous entendre. Si c’est encore trop difficile, il existe des écoutes en ligne ou encore des blogs dans lesquels vous pourrez vous exprimer en gardant votre anonymat si vous le souhaitez. Et essayez de dire ce que vous ressentez, en particulier si vous ressassez des idées suicidaires.
Seul, on a le sentiment que plus rien n’est possible. A plusieurs, il est plus aisé de trouver des solutions.